Blog Cinémarseille
Blog

Blog d’actus ciné par des étudiants en journalisme passionnés, pour les cinéphiles, les curieux, les rêveurs, les voraces, les amoureux, et surtout les marseillais.


Marseille est à la traîne concernant la diffusion de films art et essai. Entre absence de volonté politique, pauvreté de l’offre culturelle et confusion autour des deux cinémas emblématiques du centre-ville, le constat est préoccupant. Trois acteurs de la profession témoignent.
Quel est le point commun entre Saint Martin de Crau, Port de Bouc et la deuxième ville la plus peuplée de France ? Réponse : on y trouve un seul cinéma labellisé art et essai par le Centre National du Cinéma. A Marseille il s’agit du cinéma L’Alhambra, situé dans le quartier de l’Estaque, loin du centre-ville.
Sur quels critères le CNC accorde-t-il le label ? Pour Vincent Thabourey, coordinateur de l’association Cinémas du Sud qui chapeaute les vingt salles art et essai du département, « les critères d’obtention du label reposent aussi bien sur la qualité de la programmation et l’état général des salles que sur la diversité des activités annexes ». En somme, il ne suffit pas de diffuser des films undergrounds ou expérimentaux pour obtenir le label, il faut aussi accueillir des professionnels du cinéma (réalisateurs, acteurs, critiques), organiser des cycles thématiques ou rendre sa salle accessible à un public varié.
Mono écran
Malgré son label, l’Alhambra ne peut assurer seul la diffusion de l’art et essai à Marseille. Pour son directeur, William Benedetto, « avec un mono écran, on ne peut pas faire du pur art et essai ; on est obligé de passer des films grand public ». Ce qui a pour effet de « faire baisser les critères » et le montant des subventions accordées par le CNC. Avec un budget annuel de 750 000 euros, financé pour moitié par la Mairie, « les 14 000 euros du CNC ne représentent rien ». La situation s’avère être des plus cocasses : le seul cinéma labellisé art et essai de la ville est obligé de diffuser des films commerciaux pour survivre. Par ailleurs, de l’aveu même de William Benedetto, « les très grosses subventions de la Mairie » conduisent le cinéma à assurer « une mission de service public » au détriment, peut-être, d’une programmation plus exigeante. Ainsi, de nombreux partenariats sont mis en place avec les écoles. « Ça nous permet de toucher 5000 enfants par an mais ça représente une partie importante du budget : il faut affréter des bus, accueillir les classes, assurer l’animation. Administrativement c’est un service lourd à gérer. » Malgré son label, l’Alhambra a d’autres objectifs que d’être le porte-drapeau du cinéma art et essai à Marseille. « On est un cinéma de quartier qui tente de reconstruire une centralité autour du 15e et 16e arrondissements » assure son directeur avant de rajouter qu’il « ne joue pas dans la même catégorie que certaines salles du centre-ville qui ont huit écrans ».
Par Boris Loumagne • 27 avril 2015

L’intégralité du post est à retrouver sur le blog Cinémarseille.

A 19 ans, Médina Yalaoui a déjà reçu plusieurs récompenses pour son rôle dans le court-métrage La Fugue de Jean-Bernard Marlin. Aujourd’hui, elle s’apprête à tourner aux côtés d’Abdellatif Kechiche. Trajectoire impressionnante d’une jeune Marseillaise talentueuse.

cinemarseille médina et sa mère

Médina et sa mère, Khedidja

Il est 15h sur la place Félix Baret, dans le centre-ville de Marseille. C’est ici que Médina m’a donné rendez-vous. Quand elle arrive, maquillage impeccable et longs cheveux noirs lissés tombant sur son visage fin, je ne la reconnais pas tout de suite. Sabrina, son personnage dans La Fugue, est un garçon manqué, plus négligée, moins féminine. Le film semble si réel, presque documentaire, que c’est elle que je m’attendais à voir. Mais c’est bien Médina Yalaoui qui se tient devant moi. On s’installe dans un café de la place. A ses côtés, Khedidja, sa mère, prend place. Elle est derrière sa fille unique depuis le début. Pas pour la pousser ou la surveiller, mais pour l’encourager et la soutenir. Car celle-ci n’a que 19 ans. Elle en avait 2 de moins quand sa carrière d’actrice a débuté.

 

Du lycée au ciné

Au départ, Médina est une élève de seconde comme les autres. Sauf qu’un jour, devant son lycée, elle croise Jean-Bernard Marlin, réalisateur en repérage pour le casting de son court-métrage. Il cherche des actrices. Garçon manqué, elle correspond au rôle, et ses copines la poussent à aller le voir. Elle fait un essai caméra et est prise pour incarner un personnage secondaire. Et puis, tout s’accélère. Le premier rôle se désiste. Médina reçoit un coup de fil : « Deux ou trois jours après, ils étaient chez moi. » En 2013, donc, Médina troque son quotidien d’adolescente pour la caméra de Jean-Bernard Marlin, devant laquelle elle devient Sabrina, une jeune délinquante. Le tournage dure près de deux semaines à Marseille. Avec le lycée, c’est un peu compliqué, mais les profs comprennent.

Le court-métrage est un succès. Il est programmé et primé dans un grand nombre de festivals. Il sera notamment Ours d’Or à la Berlinale en 2013, et sélectionné aux César en 2014. Et au milieu des récompenses que glane le film, Médina reçoit trois prix d’interprétation et une mention spéciale pour son jeu d’actrice. Et puis elle retourne à sa vie de lycéenne. Car Médina a la tête sur les épaules. Malgré le succès qui suit la sortie de La Fugue, elle n’arrête pas ses études et obtient son CAP.

[…]

Post de Camille Paix • 11 février 2015


L’intégralité du post est à retrouver sur le blog Cinémarseille

Pourquoi Cinémarseille se mêle-t-il d’un documentaire sur Ramallah projeté en ce moment au festival de court-métrage de Clermont-Ferrand ? A première vue, la relation avec Marseille n’est pas évidente. Mais à y regarder de plus près, il se dessine plus d’une passerelle entre ce projet et la cité phocéenne.

La réalisatrice

Native de Marseille, Flavie Pinatel est une vidéaste et plasticienne diplômée des Beaux Arts. En 2014, elle présente une installation vidéo à la Galerie des grands bains douche de la Plaine. Et déjà son regard s’oriente vers les cultures méditerranéennes. Dans une série de portraits, elle s’efforce de mettre en lumière les liens qui unissent la France et l’Algérie.
La Palestine, elle la découvre dès 2008 en tant qu’assistante réalisatrice. Quelques années plus tard, elle retourne à Ramallah et s’immerge durant trois mois au cœur de la ville. De ce voyage naîtra son documentaire.

La boîte de production

Les producteurs de Films de Force Majeure ont déjà financé une dizaine de films et ont notamment coproduit L’inconnu du lac d’Alain Guiraudie, prix de la mise en scène à Cannes dans la catégorie Un certain regard. Fondé en 2010 par trois producteurs de la région marseillaise, FFM s’est donné pour mission de « développer et de produire des courts et longs-métrages sans limite de contenu ni de format ». Son gérant, Jean Laurent Csinidis, est aussi à l’origine de la création de Catalogue du Sensible. Cette association est « dédiée à l’accompagnement d’artistes, ainsi qu’au développement, à la production, et à la diffusion d’œuvres relevant des arts visuels ». Et alors que FFM produit le film de Flavie Pinatel, Catalogue du sensible avait déjà accompagné son installation vidéo à la Galerie de La Plaine.

Le film

Des bergers font paître leurs moutons aux frontières de la ville tandis qu’aux bêlements des animaux se mêle le bruit des pelleteuses et des marteaux piqueurs. Telle est Ramallah, ville de contraste tiraillée entre ruralité et urbanité, entre archaïsme et modernité. En 30 minutes, la réalisatrice nous expose sobrement, en plans fixes, sans commentaires, les contrastes d’une ville en pleine mutation. Les nuits sont agitées, les boîtes de nuit pleines à craquer, la population bigarrée vibre au rythme de la musique électronique puis au matin, alors que la brume recouvre les collines, le chant du coq retentit tandis qu’un vieil homme libère ses chèvres de leur enclos. Contraste encore entre ces vieillards qui, dans un bar, jouent à des jeux de cartes que l’on devine ancestraux et ces adolescents qui eux se divertissent dans une salle de jeux vidéos. La ville est pétrie de contradiction mais pour autant il se dégage un sentiment de vitalité univoque. De l’aveu même de Flavie Pinatel, Ramallah est parfois semblable à « Marseille, vivante et colorée ».

« Ramallah » a été sélectionné dans le cadre d’une programmation dédiée à la Palestine.

Post de Boris Loumagne2 février 2015


 

L’intégralité du post est à retrouver sur le blog Cinémarseille !